"Loppsi 2", dans le silence de Noël ...

Publié le par Samuel Moleaud

 

 

 

Loppsi 2 : Liberté, égalité, fraternité et démocratie, sur le Titanic, approchent de l’iceberg...

 

 

 

 

 

Par Samuel MOLEAUD

 

 

Le titre, certes, est un peu bancal, mais il est à l’image de la société, où nous sommes tous embarqués de force sur un Titanic, sachant qu’il n’y a plus de canots de sauvetage et que l’iceberg n’est pas loin. Le capitaine du navire, seul dans sa tour d’ivoire, est aveugle. Les bourgeois de la première classe (classe dirigeante) sont occupés à table à soigner leurs économies, fumant, buvant et jouant au poker. Les pantins de la seconde classe (classe supérieure ne travaillant peu ou pas du tout et retraités), commencent à voir de loin un iceberg qu’ils disent joli au début, puis s’inquiètent de voir, sans contrôler, le paquebot se diriger contre cet immense mur de glace, avant de s’apeurer devant l’inévitable mort qui les attend. Les esclaves de la troisième classe (salariés, travailleurs indépendants, travailleurs précaires, chômeurs etc), eux, ne voient rien. Ils sont enfermés dans les sous terrains à alimenter le navire en charbon, et seront les plus durement touchés par le choc latéral entre l’iceberg et le paquebot. Inutile d’expliquer ce que représente l’iceberg…

Finalement, le Titanic fut un navire où la démocratie régnait : transposé à la société française, voila que certains font la loi, pilotent le navire à vue d’œil, d’autres se reposent sur leur épargne, et le reste travaille, espérant toucher une maigre pension de retraite, pour engraisser les actionnaires propriétaires de la concession du bateau. Et l’on veut nous faire croire que le 4 Août 1789 a supprimé les privilèges et la féodalité.

 

 

L’avènement de la Loppsi 2 : la délinquance potentielle de chaque individu.

 

Alors que l’armée des plumes journalistiques s’amuse à repêcher chez l’AFP les titres vendeurs en formes de faux chocs émotionnels à revendre, en nous informant du malaise de François Bayrou, des déclarations de Martine Aubry, ou sur les déclarations du siècle publiées par Wikileaks (nous apprenant que par exemple, Nicolas Sarkozy serait autoritaire, la France ne le savait pas encore…). Alors que tout ce petit monde élitiste tout droit sorti des Instituts d’Études Politique et autres grandes écoles où futurs politiques, chefs d’entreprises, barons de la finance et journalistes copinent dès la sortie du bac, pas étonnant que l’esprit critique pour la grande majorité, soit noyé dans le curare…

Il est vrai qu’entre le milieu universitaire, la presse, la communication politique, et la donne économique, il y aurait de quoi écrire plusieurs thèses de recherche à propos de la propagande et de la fabrique des opinions. Mais en ce jour, et pour faire court, il faudrait revenir sur l’aboutissement d’un projet phare du gouvernement (il ne reste que ce mot qui ait du sens) français actuel : la mise sous contrôle total des gens et la judiciarisation des comportements dissidents. Nous sommes mi-décembre, et voilà que le second volet de la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi II) arrive sur les sièges de l’Assemblée Nationale.

La politique sécuritaire de l’été 2010 et le scandale relatif à la stigmatisation des Roms, de l’identité nationale, de la déchéance de la nationalité, j’en passe, commence à trouver sa justification : là où beaucoup y voyaient un état xénophobe fasciste, ce n’était qu’écran de fumée pour criminaliser la société. La répression du mouvement social contre la réforme du système des retraites, son déploiement massif de policiers et de militaires dans les rues face à des pacifistes, n’était pas qu’un épisode isolé : tout ceci préparait l’intégration dans la loi de dispositifs légalisant la mise en place d’un État policier. (…)

 

 

De deux choses l’une : soit le pouvoir a peur des prochains éventuels mouvements populaires, et cherche à se procurer des gages de protection pour maintenir son rang, en intégrant par voie légale des formes autoritaires de répression des mouvements sociaux. Ce qui dénote un caractère profondément malsain de la manière dont des « représentants » mènent les institutions publiques en France, méprisant leur peuple. Soit, cette vague de législation liberticide sans précédent donnant le pouvoir aux organes de police est une résultante historiquement vérifiée des crises financières. Après une crise économique, les régimes se radicalisent, soit vers le fascisme, soit vers le socialisme. S’il est totalement odieux de faire payer à la population la facture de la crise plutôt que d’opter pour la judiciarisation des spéculateurs (on a vu des procès se tenir pour crimes contre l’Humanité contre les présidents ayant financé les groupes de paramilitaires en Amériques Centrale et Latine pour moins que cela) et la nationalisation sans conteste des banques, récupérant la souveraineté économique, il est absolument dangereux qu’une telle loi scélérate sécuritaire et policière puisse être votée sans aucune mobilisation citoyenne. Par souci de soumission aux marchés financiers, l’État délègue ses compétences au privé, et la volonté politique de démanteler les institutions publiques permet de devenir actionnaires, augmentant le pouvoir de l’oligarchie. Dans cet état, l’État devient policier, autoritaire, préférant le fascisme pour sauvegarder les profits plutôt que de les répartir équitablement en instrumentalisant des politiques sociales de répartition.

Une chose est sûre : les deux scénarios sont liés. Et cette loi passe dans le silence le plus total, profitant des périodes de Noël où les gens sont plus occupés à faire leurs petites emplettes plutôt qu’à décrypter les travers de cette fourberie législative, alors qu’elle est infiniment plus inquiétante que la dernière grande réforme du gouvernement sur le système des retraites. Nous n’avons pas fini de morfler…

 

 

Samuel Moleaud.

 

 

 

 

Intégralité de l’article à lire sur :


 

http://www.legrandsoir.info/Loppsi-2-Liberte-egalite-fraternite-et-democratie-sur-le-Titanic-approchent-de-l-iceberg.html

Publié dans Analyses politiques

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