Climat : Agir sans tarder...

 

 

 

Les dernières données scientifiques montrent que pour prévenir un emballement climatique, il faut totalement décarboner nos sociétés

 




Georges Bush se comporte comme un furieux emprunteur en faillite, dont la maison serait sur le point d'être saisie. Il brise la porcelaine, arrache les portes de leurs gonds, il est déterminé à ce que rien ne soit laissé intact au moment où le futur propriétaire l'expulsera. Avec les derniers règlements qu'il a fait adopter, livrant les espaces sauvages des Etats-Unis aux entreprises forestières et minières, jetant à la poubelle les contrôles anti-pollution, démantelant les lois de protection de la nature, il a fait plus de mal durant les 60 derniers jours de sa présidence que dans les 3000 qui ont précédé. (...)


(Cependant), en suggérant que rien ne peut être entrepris, on s'assure que rien ne sera tenté. Mais même un optimiste résolu comme je le suis a de plus en plus de mal à trouver des raisons d'espérer.

Une nouvelle publication rassemblant les résultats scientifiques obtenus depuis le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat , le GIEC, suggère que certains processus critiques de transformation du climat pourraient avoir déjà débutés, et ce presque un siècle avant les dates prévues.

Il y a à peine un an, le GIEC annonçait que l'on «prévoyait que la banquise arctique de fin d'été pourrait disparaître presque complètement d'ici la fin du XXI ème siècle, d'après certains modèles». Mais les nouvelles études du Public Interest Resarch Center (PIRC) indiquent que les scientifiques prévoient désormais la disparition de cette banquise d'été d'ici trois à sept ans. (...)

 

C'est (maintenant) de nous (humains) qu'il s'agit.

 

Avec la disparition des glaces, la région s'assombrit et absorbe donc plus de chaleur. Un article récent publié dans les Geophysical Research Letters montre que le réchauffement supplémentaire dû à la disparition des glaces s'étend jusqu'à 1500 km à l'intérieur des terres, recouvrant presque entièrement la région où le permafrost est permanent. Les sols gelés arctiques contiennent deux fois plus de carbone que toute l'atmosphère (5). Tant que les sols restent gelés, il reste captif. Mais la fonte a commencé. Les dégagements de méthane s'échappent avec une telle force dans certains endroits qu'ils maintiennent l'eau de lacs arctiques libres durant tout l'hiver.

 

Les effets de la fonte du permafrost ne sont incorporés dans aucun modèle climatique global. Un emballement climatique dans la seule région arctique pourrait faire basculer la planète entière dans une nouvelle ère climatique. Le Climat Tempéré pourrait s'effondrer plus vite et à plus court terme que les scénarios les plus sombres ne l'avaient prévu.

 

(...) Des programmes réguliers et raisonnables comme les propose Obama sont aujourd'hui sans effet. Comme le rapport du PIRC le montre, les années de sabotage et d'attentisme ne nous ont laissé qu'une seule chance : un programme d'urgence de substitution totale de l'énergie.

 

(...) Pour obtenir une chance élevée d'éviter un réchauffement de 2°, il faut une réduction des émissions mondiales de 8% par an.


Est-ce possible ? Est-ce acceptable ? L'article du Tyndall Center souligne que des réductions annuelles dépassant les 1% «correspondent à des périodes de récession ou de bouleversements». Lorsque l'Union Soviétique s'est effondrée, elles diminuèrent de 5% par an. Mais on ne peut répondre à ces questions qu'en tenant compte des alternatives. La trajectoire que proposent tous deux Barack Obama et Gordon Brown - une diminution de 80% en 2050 - implique une diminution de 2% par an. Un tel programme, d'après ce que les données du Tyndall Center suggèrent, nous condamne à un réchauffement de 4 ou 5°, ce qui signifie l'effondrement de la civilisation humaine dans la plupart des régions du globe. Est-ce que cela est acceptable ?

 

Les coûts d'un plan d'économie et de remplacement total de l'énergie seraient astronomiques, et son rythme improbable. Pourtant, les gouvernements des nations développées ont déjà mis en place un plan similaire, mais ayant un autre objectif. Une enquête réalisée par la chaîne de Télévision NBC a estimé que le gouvernement fédéral des Etats-Unis avait déjà dépensé 4 200 milliards de dollars pour répondre à la crise financière, soit plus que les dépenses totales pour la Seconde Guerre Mondiale en tenant compte de l'inflation . Est-ce que nous voulons rester dans l'histoire comme la génération qui sauva les banques mais laissa la biosphère s'effondrer ?

 

(...) Nous devrions demander aux gens «de faire des sacrifices à court terme, radicaux», en réduisant en 5 ans, notre consommation de 50%, avec peu de recours à la technique. Il y a deux problèmes : le premier c'est que des tentatives précédentes montrent qu'on ne peut pas compter sur une abstinence volontaire. (A chacun d'entre nous de démontrer le contraire !)

La deuxième est qu'une baisse de 10% de la consommation d'énergie alors que l'infrastructure reste presque inchangée dans son ensemble signifie une baisse de 10% de la consommation : une dépression plus importante que tout ce que le monde moderne ait jamais connu. Aucun système politique - même une monarchie absolue - ne pourrait survivre à un effondrement de cette ampleur.

Elle a raison quant aux risques liés à un « new deal » technologique vert mais ce sont des risques que nous devrons prendre. La proposition d'Astyk prend trop ses désirs pour des réalités. Même les solution techniques qui ont ma faveur se situent dans les limites de ce qui est faisable.

 

Est-ce qu'on peut le faire ? Je n'en ai pas la moindre idée. Si l'on regarde les dernières données, je dois reconnaître qu'on a peut-être trop attendu. Mais il y a une question à laquelle je peux répondre plus facilement. Est-ce qu'on peut se permettre de ne pas essayer. «No we can't.»



George Monbiot, dans "The Guardian", le 25 novembre 2008

 

Intégralité de l'article sur : http://contreinfo.info/

 

 

 

 


 

 

C'est maintenant, en cette période de "crise" économique, qui n'a rien de conjoncturelle et qui en cache bien d'autres, que nous pouvons, que nous devons saisir cette opportunité pour changer radicalement et immédiatement de manière de vivre, à la fois individuellement et collectivement dans une véritable approche globale de partage planétaire.

 

A nous de savoir la saisir !

 

 

 

Si vous êtes à court d'idées, vous pouvez consulter, entre autres, les autres articles de ce même blog, dans la rubrique "S'informer et agir"

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :