Répression suite... LOPPSI 2 ou l'irrésistible ascension de l'Etat surveillant

Publié le par Rézocitoyen

 

 

Aujourd'hui le Sénat entame la deuxième lecture de la LOPPSI 2. Le CECIL (Centre d'Etudes sur la Citoyenneté, l'Informatisation et les Libertés) vous propose une analyse du projet de Loi. Sans attendre l'ouverture du site du CECIL en février il nous a semblé utile de vous faire parvenir une analyse détaillée de la LOPPSI 2. Vous trouverez ci-dessous un court texte de présentation et en attaché le même complété d'une analyse détaillée (Avec le .pdf vous devriez
pouvoir accéder aux URLs des sites cités qui ont tendance à disparaître dans les courriels).


                                         Le CECIL  18 Janvier 2011


 


LOPPSI 2 ou l'irrésistible ascension de l'Etat surveillant


La LOPPSI 2 (Loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure) vient d’occuper les débats à l’Assemblée Nationale. Ce projet de loi définissant les objectifs prioritaires du gouvernement de 2009 à 2013 en matière de lutte contre « l’insécurité », arrive au terme de son parcours législatif, et il laisse augurer de
sombres heures pour les libertés publiques. Après avoir été examiné en deuxième lecture par les députés, du 14 au 21 décembre 2010, le texte repassera devant les sénateurs à partir du 18 janvier 2011. Les députés l’avaient déjà adopté en première lecture. Quant aux sénateurs, ils l’ont de prime abord rejeté en raison de certains amendements [1] procédant, selon une majorité d’entre eux, d’une « surenchère sécuritaire », avant de l’adopter finalement en septembre 2010.


 

Le triptyque fichage / surveillance / enfermement

 

Sorte de fourre-tout législatif cumulant des mesures pour beaucoup d’entre elles annoncées suite à des faits divers médiatisés, la LOPPSI 2 prétend offrir aux français "la sécurité partout, pour tous" et « renforcer (…) la tranquillité nationale ». Ce qu'elle offre surtout, c’est un pouvoir incommensurable à la police et à la justice, mettant en péril les équilibres démocratiques de notre société au nom de la lutte contre une série de fléaux hétéroclites et curieusement amalgamés, parmi lesquels "la délinquance" (mais pas la délinquance financière), "la cybercriminalité", "l’insécurité routière", "la pédopornographie"...


A l’instar de la LOPSI 1, votée en 2002 et consolidée en 2004, qui avait suscité de nombreuses critiques de la part d'associations et de collectifs militants (IRIS, Attac...), de la part de syndicats et de partis politiques, mais également de la CNIL ou de la CNCDH, la LOPPSI 2 est présentée comme "un dispositif d'exception pour un sujet d'exception", arguant d’une menace terroriste ou relevant de la" criminalité organisée" d’exceptionnelle ampleur. Comme le souligne le Syndicat de la Magistrature, la LOPPSI 2 est « un texte dont la philosophie générale vise à étendre les formules de fichage de la population et à créer ou aggraver des infractions dans divers domaines » et qui, « en dressant la liste exhaustive des prétendues menaces intérieures et extérieures, révèle une conception de la société à la limite de la paranoïa. Il en résulte un aggloméré de mesures sans liens particuliers entre elles, visant tantôt à créer de nouvelles incriminations ou à aggraver les anciennes, tantôt à permettre à l’Etat d’instituer un régime d’impunité pour ses agents de renseignements ou de mieux avoir à l’oeil des populations ciblées. ».

Portée par une idéologie sécuritaire et punitive, la LOPPSI 2 consacre L’objectif de toujours plus "surveiller et punir" en recourant, d’une part à des technologies de l’information et de la communication automatisant la détection des "déviances" et systématisant le recoupement des informations stockées (dispositifs de vidéosurveillance réputée de plus en plus "intelligente", de géolocalisation, d’identification, d’interception et d’enregistrement des communications, fichiers "partagés", logiciels "d’analyse sérielle"…) et d’autre part à des dispositions législatives plus répressives, criminalisant certaines pratiques et stigmatisant certains groupes sociaux en particulier. La LOPPSI 2 s’attaque ainsi à la vente à la sauvette, à l’habitat nomade/précaire et au "squat", pratiques inhérentes à des conditions d'existence précaires dont la loi ne se préoccupe pas, au risque de fragiliser plus encore des populations qui le sont déjà. Elle crée par ailleurs de nouveaux délits tels "l’usurpation d’identité sur un réseau de communications électroniques" et aggrave un certain nombre de sanctions pénales, imposant le principe des "peines-plancher"...

 

 

 

"La sécurité, laffaire de tous" : une privatisation de la sécurité qui favorise lenrôlement de tous.

 

En outre, la LOPPSI 2 consacre la privatisation de missions de surveillance et de gestion de l’ordre public relevant jusqu’ici du pouvoir régalien. Ainsi, si la LOPSI 1 prévoyait déjà l’externalisation des "gardes statiques", la LOPPSI 2 autorise l’installation de caméras filmant la voie publique aux entreprises privées. Ce type de mesure accompagnée d’un discours promouvant la "collaboration" et les "partenariats public-privé" en matière de sécurité dévoile le caractère libéral de l’idéologie qui a présidé à l’élaboration du projet de loi. Mais ne nous y trompons pas : c’est un double mouvement d’externalisation des fonctions de surveillance et de centralisation de l’information qu’instaure la LOPPSI 2. Il s'agit de libéraliser la sécurité dans la mesure où cette libéralisation favorise l’enrôlement de tous dans la gestion de l’ordre... Comme le notent certains collectifs militants, dont le CLEJ (Collectif Liberté Egalité Justice), la LOPPSI 2 (composée de 46 articles formant 9 chapitres) est illisible, au point que l’on peut se demander si elle ne l’est pas à dessein, afin d'en rendre la compréhension et la critique difficile, sauf à posséder une expertise significative en matière juridique. Le dossier joint, que vous retrouverez bientôt, accompagné d'autres éléments d'information et de réflexion sur le site du CECIL, répertorie les principales mesures de la LOPPSI 2 en s'attardant particulièrement sur celles qui concernent l'usage des TIC à des fins de surveillance, et l'extension du fichage de la population.

 

Vous êtes informés sous la responsabilité morale et juridique des émetteurs, pour toute remarque contacter l'organisation concernée (+ copie à rezocitoyen, formulaire de contact a l'adresse:

http://www.rezocitoyen.org/spip.php?article624

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C
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Nous avons vu que vous citez notre analyse de la LOPPSI2. Nous vous informons que notre site est désormais accessible au public.<br /> <br /> <br /> www.lececil.org<br /> <br /> <br /> N'hésitez pas à nous adresser vos remarques, informations, suggestions<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le cecil<br /> <br /> <br /> <br />
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