Le Peuple comme nouvel ennemi systémique à traquer

Publié le par Camille Loty Malebranche



Qui est constamment surveillé et menacé de toutes les sanctions de l'État dit de droit, sinon le peuple ! Aujourd'hui où l'obsession de suivre le citoyen à la trace se corse par toutes formes d'inventions mises au service des autorités qui fichent chacun de nous dans leur base de données, l'on oublie en fait que ce n'est pas pour notre sécurité dont l'État fait l'alibi de cette surveillance, mais celle des privilégiés constituant l'establishment ploutocratique que toutes ces mesures opèrent. Tout désormais est prétexte de filature systémique de l'individu : de la carte bancaire à la carte de crédit ; du cellulaire au GPS en passant par la caméra publique dans les rues, tous servis par des satellites, radars et antennes de plus en plus perfectionnés ! Jamais dans l'Histoire, l'« orthopédie sociale » (1) en temps de paix, n'a été aussi publiquement évidente, performante dans sa quête que j'appellerais « théocratique » d'omniprésence, cherchant à fignoler une ubiquité punitive-dissuasive, une perfection répressive-préventive ! Nous vivons le stade crucial d'un système qui, tout en se proclamant démocratique, fait l'impossible pour corseter l'individu tant dans l'ignorance par la désinformation que dans la « rectitude » asservissante par la surveillance. Système d'un establishment hanté par ses injustices et obnubilé par ses peurs. La paranoïa est de fait la maladie inévitable, iatrogène de cet asile de fous généré par des agresseurs économiques, des cerbères idéologiques craignant constamment la contreviolence de leurs agressés. Apeurés, ils font tout pour faire peur ! Le syndrome du maître et du geôlier, effrayé de savoir qu'à n'importe quel moment l'esclave ou l'écroué peut briser ses chaînes et le tuer pour s'affranchir, semble être la croix de nos riches banquiers et PDG. Car pour la ploutocratie de droit divin maîtresse du mode économique et social dans nos démocraties factices, l'autonomie de penser des citoyens se concertant, constituerait un antibiotique à l'infection nosocomiale qu'elle a planifiée et qui sévit en ses mégapoles-hôpitaux où elle s'efforce de faire « traiter » tous les citoyens contre le mal de liberté latente en l'être humain, parce que potentiellement mortelle pour l'ordre de la cité.


Erreur de croire que les politiciens élus au pouvoir dans le système ploutocratique, sont des hommes ou des femmes, des humains réels ! Ce ne sont, pour la plupart, que des mirages ou automates de la ploutocratie qui écrit pour eux la diégèse, fait la mise en scène du spectacle dont ils deviennent les vedettes, les saltimbanques cossus. Rien que de tristes mirages enrichis, hologrammes héroïsés artificiellement pour la masse des zombis qui les votent et croient en eux ! À l'époque des monarques anciens, les rois qui avaient du caractère imposaient, malgré leur tyrannie féroce, un ordre qui venait d'eux et de leur cour.


Aujourd'hui, le despotisme est masqué par les artifices de la "démocratie représentative", le vrai pouvoir étant entre les mains des quelques banquiers et PDG. Et ces quelques maîtres du système financier mondial font de la politique une mimesis, magistrale mascarade où ils prédéterminent les scènes pour les vedettes politiques en mal de se faire un nom. (...)


L'actuelle crise financière apprend à qui sait regarder et voir avec intelligence, que l'État appartient à quelques-uns (si restreints en nombre que ce n'est même pas une oligarchie) alors que toute la société d'une manière ou d'une autre, est asservie à cet infime groupuscule ploutocratique, ces maîtres du jeu macabre de la macroéconomie, deus ex machina, personnages toujours hors-champ, qui façonnent le faciès socioéconomique des peuples de la planète. On joue avec le système et se joue des masses et de leur émotion privée de recul. La liberté sociale des peuples ne peut advenir que par l'écartement de cette oligarchie tyrannique qui tire les ficelles de tous les gouvernements. Mais cela exige que les peuples soient humanisés et cessent d'être chose d'automation que l'on actionne par la cybernétique idéologique des grands médias, comme des machines actionnées par des boutons. Mourir sans coup férir, est vil. (...)


En cas d'oppression extrême, quand tout est épuisé et que le bourreau s'accroche comme une bête féroce sourde, sans état d'âme, et menace, il faut neutraliser l'agresseur mais pas se tuer en le laissant faire. Tel est le sens de la justice, telle doit être la foi de l'homme, cet être transcendant né pour la liberté, en son humanité. Hélas ! Dans la société contemporaine surpolicée, surcontrôlée et constamment surveillée, société de désinformation paroxystique façonnant l'attitude permissive et la collaboration du grand nombre inconscient de sa mise sous contrôle, l'État ploutocratique peut compter sur ses endoctrinés aliénés pour poursuivre son agressive félonie contre la démocratie en sacrifiant les intérêts des immenses majorités !


Jamais la manipulation aisée des majorités via les simulations de protecteur public par le Moloch étatique n'aura été autant synonyme d'aliénation, ou plutôt comme je préfère dire, d'entraliénation, vu le double sens de l'aliénation allant de l'aliénant à l'aliéné, tous deux tarés dans le pathologique ludique de leur rapport, où les victimes consentantes s'identifient si bêtement et orgueilleusement aux intérêts sordides de leur sinistre et patibulaire victimaire.



CAMILLE LOTY MALEBRANCHE, le 4 décembre 2008



1) Michel Foucault, in Surveiller et punir.

2) http://www.altermonde-sans-frontier...



Intégralité de l'article à lire sur : http://www.legrandsoir.info/


 





 Une citation tirée de "l'Utopie", de Thomas More (1516) :



"L'indigence et la misère (1) dégradent les courages, abrutissent les âmes, les façonnent à la souffrance et à l'esclavage (2), et les compriment au point de leur ôter l'énergie nécessaire pour secouer le joug."


 

1 - Je vous propose d'y rajouter l'injustice (dont l'indigence et la misère représentent une des conséquences)


2 - Je vous propose également d'y rajouter la violence et donc le "terrorisme" (une des conséquences évidentes de la misère et de l'injustice)


Publié dans SOCIETE et Justice

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